programme : construction d’un projet connexe mixte en surplomb de la gare RER Issy les Moulineaux de 20 logements sociaux et 130 logements en accession
maître d’ouvrage : OGIC
architecte : ECDM architectes – chef de projet : Hugo Bizouarne
localisation : gare RER Issy, Issy Les Moulineaux (92)
superficie : 11 000 m²
concours 2015
La ville faite d’échanges
L’enjeu premier : Habiter un repère dans des logements exceptionnels aptes à porter les valeurs d’une nouvelle centralité, habiter une polarité pensée à partir de la mobilité et des échanges extraordinaires que ce nouveau hub métropolitain – carrefour du Grand Paris – permet d’ambitionner. La gare du Grand Paris est là, perçue de loin dans le quartier et destinée à être perceptible depuis le grand paysage. Notre projet donne une hyper-lisibilité à cette situation hyper-connectée : il est la partie émergeante de la gare, il la situe, il la qualifie.
Nous envisageons notre proposition en continuité de la gare, très précisément en extrusion de sa forme singulière. Notre bâtiment en conserve et prolonge la matière et la lumière. Le volume est pensé en filiation avec l’espace de la gare : un lieu constitué de verre, de transparence, de translucidité, de diffusion de lumière et de clarté. La gare devient un support de développement. Elle prend place sur un tronçon de 53 km desservi par 27 gares au total qui seront toutes augmentées d’un projet connexe. L’ensemble de la Ligne 15 fonctionne donc comme un corridor urbain de développement à l’échelle du Grand Paris. La gare d’Issy présente la particularité de faire partie de la future ZAC Léon Blum. Elle en sera la nouvelle polarité et son projet connexe sera garant d’une large visibilité pour la gare située au rez-de-chaussée.
Un quartier en mouvement
L’ambition portée par notre projet pour la gare d’Issy est de créer un repère fondé sur des valeurs répondant aux exigences de l’écologie urbaine de notre époque : qualité de vie en ville, respect de l’environnement, mixité programmatique et sociale. Ces caractéristiques sont données à voir, elles sont constitutives de ce beffroi contemporain. L’accessibilité du territoire augmentera avec l’arrivée de la Ligne 15 qui dessert des pôles d’emplois importants de la métropole. La position du projet d’Issy est donc éminemment stratégique au sein du Grand Paris. Le projet s’inscrit donc dans une logique contemporaine de mixité fonctionnelle et sociale appuyée par la création de la ZAC Léon Blum qui s’organisera autour d’un nœud infrastructurel important, la gare d’Issy. Cette centralité fonctionnera comme un véritable signal urbain, à la fois pour la ville d’Issy mais aussi pour le Grand Paris.
Le projet s’insère dans un tissu urbain pour partie constitué. II en est le prolongement, l’articulation entre une histoire du quartier et sa transformation urbaine à venir. Dès lors, le projet est à situer dans une continuité à la fois historique et géographique. La question du repère est multidirectionnelle. Pour cette émergence perçue de toutes parts, une même écriture soignée est proposée pour traiter l’ensemble des façades : le projet s’adresse et s’ouvre à la ville sur 360°.
Un repère dans la ville
Le projet propose une filiation entre un milieu et des modes d’habiter dans une recherche très contemporaine d’un équilibre entre extérieur et intérieur, entre un environnement et des espaces intimes. Aussi l’enveloppe est-elle pensée comme un filtre, comme une protection douce et progressive extrêmement modulable. Les façades du projet sont proposées pour leur capacité à générer les meilleurs échanges avec l’environnement, avec la ville et le quartier, le soleil et la lumière. Afin de moduler les apports thermiques et les contraintes phoniques, l’enveloppe du bâtiment est dotée d’une double peau. Celle-ci apporte une protection phonique très performante alors que nous nous situons tout à la fois à la convergence de plusieurs voies de grande circulation et à proximité immédiate du viaduc et de son réseau ferroviaire. L’atténuation phonique résultant de la double façade confère calme et sérénité à ce lieu hyper-métropolitain.
Le jardin d’hiver ainsi créé optimise le comportement thermique et le confort du bâtiment de façon sensible. En période hivernale, le tampon thermique renforce l’isolation tout en captant les apports thermiques solaires ; en période estivale, il génère un mouvement d’air rafraîchissant sur la façade des logements. Le projet présente donc une peau entièrement vitrée qui cherche à s’affranchir des codes de la domesticité tout en proposant des espaces intérieurs intimes et qualitatifs. Les logements se placent derrière cette fine peau en verre qui alterne opacité et translucidité de manière à brouiller la vision des logements en arrière-plan. Cette peau est composée d’écailles disposées de manière à rendre l’aspect général ondulant.
Des logements dans le paysage
Partant des usages, nous avons construit un projet simple dans ses choix constructifs, rationnel pour une facilité d’entretien, ouvert pour favoriser le vivre ensemble. Aussi une même enveloppe unitaire, de même facture abrite l’ensemble des programmes, qu’ils soient sociaux ou destinés à l’accession. Le choix fondamental et structurant du projet est d’offrir à tous les logements de larges surfaces d’extension, avec une architecture qui permette que 100 % des logements sociaux et en accession soient prolongés par un espace semi-extérieur généreux : jardin d’hiver d’une surface au minimum de 9 m2 et pouvant aller jusqu’à 25 m2.
Les surfaces annexes sont plus que jamais articulation entre intérieur et extérieur, entre le logement et son environnement. La double peau permet d’étendre les plages d’utilisation de ces surfaces à la climatologie des intersaisons et d’augmenter significativement la surface de vie des logements. Tous ces logements sont donc prolongés par un vaste jardin d’hiver de 2 m de profondeur, véritable pièce en plus où l’on pourra sortir une table, manger, jouer, travailler. C’est une extension réelle du logement, une pièce en plus, protégée du vent et des regards.
Habiter haut, c’est habiter le paysage ; c’est entretenir avec son milieu des échanges privilégiés. La hauteur est ici liée à une urbanité qui allie densité, compacité, rationalité pour révéler espace, vide, vue, intimité. Les vues panoramiques sont privilégiées par de larges cadrages horizontaux qui mettent en valeur les paysages magnifiques du Grand Paris. Les performances thermiques liées à la mise en œuvre d’une double peau nous permettent d’accroître de façon significative les surfaces vitrées des logements et d’offrir une vision panoramique du paysage aux futurs habitants.
Une volumétrie unitaire
La verticalité est proposée dans un registre classique avec un socle, un corps de bâtiment et un couronnement. Le socle – ce rapport au sol, articulation avec l’espace public – est constitué majoritairement par le volume vitré de la gare. Nous prolongeons cette écriture de verre sur la partie hall du rez-de-chaussée dévolue au projet. Au-dessus, le corps du bâtiment est un jeu de facettes de verre passant de la transparence à la translucidité afin de protéger l’intimité des surfaces intérieures, de permettre de voir sans être vu.
La volumétrie est légère, dense et élancée, rationnelle et composite. Elle s’enfonce dans le sol autant qu’elle en émerge. La partie immergée est dédiée aux infrastructures de transports tandis que la partie émergée est dédiée à la ville et aux logements. Pour assurer cet effet de continuité, le verre est donc privilégié. Il assure une fluidité visuelle du niveau le plus bas au niveau le plus haut. Le verre culmine dans le ciel et s’enfonce sous terre en un seul et même bloc.
De grands aplats en inox matelassé viennent ponctuer la façade dans un jeu de réflexions qui renvoient des images fugitives du grand paysage aux piétons. Véritable périscope urbain venant dé-saturer la prégnance de la grande hauteur. Disparition progressive, perspective affirmée et dématérialisation graduelle à mesure que le ciel se rapproche concourent à renforcer l’idée de hauteur, d’élancement. Le couronnement vient se perdre dans le ciel laissant percevoir un jardin suspendu et une horloge holographique qui affirme le repère lié à la présence de la gare.
Notre projet s’est construit avec la volonté d’échapper aux fatalités formelles liées à la verticalité. Il se développe selon la notion de paysage élargi, quand on pourra voir loin et être vu de loin tout en gardant son intimité. La façade est un filtre entre extérieur et intérieur, un espace ayant valeur d’usages compris entre la ville et l’intime. Pour être chez soi en ville.